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Ce mois-ci, on parle ... d’anorexie mentale

15/09/2020

L’anorexie mentale est certainement le plus connu des troubles du comportement alimentaire. Il évoque, aux yeux du grand public, l’image d’une adolescence (très) difficile, reflet des excès du monde moderne ; et chez les professionnels de santé, un casse-tête en termes de prise en charge. Pour commencer, quelques éclaircissements, et éléments de discussion.

Une maladie liée au genre à l’âge, rare et potentiellement grave

La littérature scientifique fait état d’une prévalence faible de l’anorexie mentale, de l’ordre de 0,9% à 1,5% chez les femmes et 0,25% à 0,3% chez les hommes. Toutefois, ces chiffres sont à relativiser et le phénomène pourrait être sous-évalué. Une étude menée en partie aux Pays-Bas estime qu’un médecin généraliste suivant jusqu’à 2 000 patients devrait s’attendre à avoir 1 ou 2 cas d’anorexie parmi sa clientèle.

On estime l’âge moyen de début d’anorexie mentale à 17 ans.

Enfin, l’anorexie mentale est la maladie psychiatrique la plus mortelle avec 5% à 15% de décès prématurés chez les malades.

Une maladie sociale ?

Certaines analyses font de l’anorexie mentale une maladie des sociétés occidentales, liée aux  contradictions et aux normes sociales en vigueur : une société d’abondance (notamment alimentaire) venant se heurter à des normes de minceur et de contrôle de soi très fortes. Si les études épidémiologiques ne peuvent conclure à l’existence d’un lien significatif avec l‘appartenance aux classes sociales aisées, les chercheurs en sciences sociales avancent l’idée d’une maladie corrélée au statut social. Contrairement au cadre général des inégalités en santé (y compris dans le champ de la santé mentale) les classes aisées seraient plus touchées par l’anorexie mentale. 

Une maladie moderne ?

L’anorexie mentale est décrite dès le XIXème siècle. En ce sens, elle n’est donc pas une maladie récente. On pourrait toutefois imaginer que l’incidence de l’anorexie mentale augmente de manière continue.  Il est difficile d’amener une réponse certaine et définitive à cette question dans la mesure où les études sont à la fois peu nombreuses et reposent sur des méthodologies trop différentes.

Quelle prévention ?

En dehors d’un traitement médiatique assez fort du sujet, une réponse des pouvoirs publics est difficile à mettre en œuvre. On peut interroger l’efficacité de la très médiatique "loi mannequins" , interdisant l’accès aux podiums aux femmes trop maigres et imposant de faire mention de la retouche des photos le cas échéant. L’existence d’un écosystème favorable ou défendant l’anorexie - refus des normes des adultes, apologie du contrôle de soi, etc. - font de l’anorexie mentale un sujet difficile à aborder.

Les défis du diagnostic

Parmi toutes les difficultés à poser le diagnostic d’anorexie mentale, celle du déni est certainement la plus prégnante. En effet, il s’agit d’un des critères diagnostiques : les patients ne se considèrent pas comme malade et ne demandent pas de soin.

Vers une prise en charge pluriprofessionnelle

Les recommandations de la Haute Autorité de Santé préconisent une prise en charge pluriprofessionnelle (tant en secteur hospitalier qu’en ambulatoire) tant pour évaluer l’état initial du patient (physique,  psychologique,  psychosocial,  etc.) que dans la prise en charge (médicamenteuse, psychologique, nutritionnelle, etc.)

Ressources

Ressources régionales :

Association Autrement : https://www.anorexie-et-boulimie.fr/

Bibliographie :

Scodellaro, C., Pan Ké Shon, J. & Legleye, S. (2017). Troubles dans les rapports sociaux : le cas de l’anorexie et de la boulimie. Revue française de sociologie, vol. 58(1), 7-40. 

Roux H, Chapelon E, Godart N. Epidemiology of anorexia nervosa: a review. Encephale. 2013 Apr;39(2):85-93.

AFDAS-TCA – HAS (Service des bonnes pratiques professionnelles). Anorexie mentale : prise en charge. Recommandations de bonne pratique. Juin 2010

 

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